Transcription
[2 r] Messieurs
N’étant pas du nombre de ces <[... ?]> hommes qui aussitôt avoir conçu un projet, s’empressent de le faire Paroitre au grand jour, et qui pleins de confiance dans leurs idées, croyant être au dessus de toute approbation, se tourmentent pour en venir promptement à l’exécution, je n’ai d’autres motifs en soumettant à vos lumières le nouveau projet que j’ai l’honneur de vous présenter, que le désir d’être utile. Il n’y a aussi que le jugement que vous en porterez qui puisse lui mériter quelque Célébrité.
Au titre seul de ce mémoire, Messieurs, vous reconnoitrez sans doute que ce projet est aussi ancien qu’il est encore désiré ; il n’y a donc que les vües que j’y présente qui soient nouvelles, ainsi que les moyens de rendre son exécution facile et peu couteuse.
Le but que je me suis proposé, Messieurs, en me livrant à ce travail, n’est point du tout la réunion d’une compagnie de la quelle je puisse tirer avantage pour ma fortune, son exécution ne devant être confiée qu’au Corps Célèbre des ponts et chaussées, mais l’honneur d’offrir à la ville de Paris les moyens de diminuer d’un coté ses dépenses, d’augmenter de l’autre ses revenus, en un mot d’être utile à tous mes concitoyens m’a seul animé. J’espere, Messieurs, que ce sera un double motif de vous intéresser à moi.
Si j’etois assez heureux, Messieurs, pour que vous jugiez mon travail digne de quelque récompense, je ne l’ambitionnerois que pour me faciliter l’exécution du model de cette opération que je me propose de vous présenter en même tems que celui de la machine de Marly. J’aurois pu remettre à ce tems de vous présenter ce mémoire, mais des Raisons particulières m’ont obligé de le faire devancer.
[2 v] Ce qui me fait présumer, Messieurs, que vous n’hésiterez pas de prononcer en faveur de mon projet et que le gouvernement l’adoptera, ce sont les prix qu’il vient de décerner pour le rétablissement simplifié de la machine de Marly.
Certainement s’il avoit quelque confiance dans les pompes à feu, ce seroit bien la le cas d’y en établir une. Mais je n’hésite pas d’avancer qu’il y a quelque chose de bien plus sur, de bien moins couteux et de bien plus simple à substituer à cette machine, c’est ce que j’aurai l’honneur de vous faire connoitre dans son tems.
Je vous prie, Messieurs, qu’en statuant dans votre Rapport sur la réalité ou non réalité des avantages qu’offre mon projet sous differens points de vüe, vous voudrez bien estimer aussi si ce mémoire peut être digne de l’impression ; attendu qu’il n’en peut résulter que le bien du public et de la Chose en elle même.
J’ai l’honneur d’être avec un profond Respect Messieurs votre trés humble et tres obéissant serviteur
De Saint amand
Rue des Postes près l’Estrapade
à Paris
Paris
13 août 1784